L’ombre argentée de Pierre Bonard


Pierre Bonard promène sa trentaine tranquille et son œil vif au gré de ses envies. Il arpente les rues de Belleville ou de Pondichéry, les collines islandaises ou des Buttes Chaumont, armé de son Reflex ou d’un moyen format. S’il utilise la technique numérique, le plus souvent pour la couleur, Pierre préfère capturer le monde en noir et blanc, et développer et tirer lui-même ses images à l’argentique. En touche à tout, il se confronte à la matière et pousse même jusqu’à la fabrication de ses propres cadres, d’une simplicité désarmante et d’une efficacité charmante.

 

« La photographie c’est un art; c’est mieux qu’un art, c’est le phénomène solaire où l’artiste collabore avec le soleil. »

Alphonse de Lamartine

Le photographe, à l’instar des propos de Lamartine, traque la lumière mais se repaît aussi de l’obscurité qu’elle provoque. Le résultat est une véritable calligraphie de silhouettes et de formes géométriques, organiques ou minérales, déclinée au fil des déambulations. Il joue ainsi avec les contrastes entre un mur de briques, une brume nébuleuse et des figures endimanchées. Son regard transforme l’anecdotique en dramaturgique, mué par l’immortalisation de l’instant.

 

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© Pierre Bonard

 

Le propre de la photographie est de capturer un reflet de réel, qu’il soit réaliste ou non. Ici Pierre Bonard s’amuse de la scène de la vie, qu’il distancie, voire parfois magnifie, grâce au traitement en noir et blanc. Est-ce l’absence de couleurs qui ancre les images de Pierre dans une certaine intemporalité? Ou est-ce simplement le théâtre de la vie qui est rejoué éternellement, à guichet fermé?

Sa maîtrise du cadrage et du déclencheur offre au regard un théâtre d’ombres, onirique ou anecdotique. Le réel, à travers son objectif, se pare d’une grâce presque mystérieuse, que les sels d’argent révèlent pour nous ravir.

Irène Cavallaro

 

Pierre Bonard sera présent au Festival Voies Off d’Arles cet été, du 1er au 16 juillet 2017, au 13 rue Molière. Vous pourrez aussi retrouver l’œil du photographe – et peut-être apercevoir sa silhouette! –  à la Little Big Galerie, dans le XVIIIème arrondissement de Paris.

 

 

 

 

Irène Cavallaro
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